Vaudreuille d'hier et d'aujourd'hui Dans ce joli pays du Lauragais est un village, entre plaine, celle de Revel, et moyenne montagne, la Montagne Noire, à cheval sur une rivière, le Laudot, en aval du lac de Saint-Ferréol, qui résume tous ces qualificatifs à la fois : calme, beauté, histoire... C’est Vaudreuille en Lauragais. |
Situation géographique et historique
Le nom de Vaudreuille provient du nom latin “Vallis Drulha”, qui signifie “Vallée de Dreuilhe”. Dreuilhe est un petit village situé au Nord-Ouest à moins de deux kilomètres.
La commune de Vaudreuille couvre une superficie de 1130 hectares, elle est traversée par la vallée du Laudot d’est en ouest et s’étend au pied de la Montagne Noire, englobant une grande partie du site, du parc et du lac de Saint-Ferréol. Elle est située dans le département de la Haute-Garonne et dans le canton de Revel, à mois de quatre kilomètres.
De récentes fouilles archéologiques, effectuées par des chercheurs revélois (de la S.R.S.A. S.R.), font apparaître une occupation gallo-romaine, par la découverte de traces d’habitat de cette période. Des tessons de poteries médiévales ont également été découverts sur un site voisin du domaine de Las Planques, ce qui permet de déduire l’existence d’une occupation très ancienne.
Un riche passé historique
Un village primitif a existé sur la colline qui domine au Sud du village actuel, appelé Saint Martin de Vaudreuille. Il ne subsiste de nos jours qu’une petite église d’époque pré-romane, en partie ruinée, à côté du cimetière. Cette paroisse, dépendait du diocèse de Saint-Papoul ; elle est citée en 1346 dans une transaction passée entre le seigneur de Vaudreuille et les consuls de Revel. Seuls les murs en pierre et le clocheton sont encore en place. Au XVème siècle, une chapelle fut ajoutée sur le côté droit de la petite église, construite en briques et de style gothique ; elle renferme des fresques datant de la même époque, très dégradées. Une de celles-ci représente un détail du “Festin d’Hérode”, roi des juifs, qui régna en s’appuyant sur les romains. Celui-ci fut à l’origine de nombreux crimes, parmi lesquels le “Massacre des Innocents” destiné à faire disparaître la personne de l’enfant Jésus, nouveau-né. Il est très rare de voir une telle peinture murale dans une église chrétienne. C’est pourquoi ces fresques ont une valeur historique inestimable et sont classées à l’inventaire des monuments historiques depuis 1948. Récemment la chapelle a retrouvé un toit grâce auquel elles sont abritées. Madame Jeanne Astres-Artemoff, épouse du célèbre artiste peintre “russo-revélois” dont le corps repose dans le cimetière attenant, en fit heureusement, avant 1940, un fidèle relevé qu’elle déposa au musée de la fresque à Paris. En 1973, j’ai également effectué un reportage photo, dans le cadre d’un concours national intitulé “monuments en péril” (à noter que l’intérieur de cette chapelle n’est pas visible).
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Histoire du village actuel
Après la construction du barrage-réservoir de Saint-Ferréol au XVIIème siècle, par Pierre Paul Riquet, pour alimenter le Canal du Midi, prouesse technique et ouvrage gigantesque à l’époque construit par ce génial personnage (voir C.L. n°7 - Novembre 1998), les habitants de Saint Martin de Vaudreuille abandonnèrent ce village primitif sur la hauteur. Ne craignant plus les inondations, ils s’installèrent sur les rives de Laudot, car son débit était régulé. L’église actuelle, Saint Jean-Baptiste, fut construite en 1886. L’école publique communale datant de la même époque vient d’être restaurée. La mairie partiellement détruite par incendie, voici une trentaine d’années, a été entièrement reconstruite. Une salle des fêtes y a été adjointe. Le château féodal domine sur une colline boisée au nord-ouest du village toute la proche région. Plusieurs fois remanié et restauré, sa construction remonterait au XIIème siècle, période où apparaît la seigneurie des Rigaud de Vaudreuil. Vaste bâtisse rectangulaire, avec une façade principale donnant sur une cour intérieure, dont le portail d’entrée se termine en arc brisé. Cette façade de style Renaissance, avec des fenêtres à meneaux, a une porte surmontée des armoiries des seigneurs. Deux tours rondes moye-nâgeuses sont flanquées au sud-est, restes des défenses de cet ancien château fort. Tout cela a beaucoup souffert dans un récent et important incendie. Une restauration est en cours. Un pigeonnier à caisson sur piliers se trouve dans le parc (c’est une propriété privée qui ne se visite pas).
En vol dans le ciel de Vaudreuille
Rendons-nous par un grand bond en avant dans le XXème siècle, un “bond dans l’air”…dirions-nous !
Sur le territoire de la commune de Vaudreuille (dans la Haute-Garonne), se trouve perché sur le Belvédère côté sud-est de la Montagne Noire, à cheval sur la commune de Labécède (dans l’Aude), l’ancien Centre National de Vol à Voile de la Montagne Noire (C.N.V.V.M.N.). Celui-ci vit le jour lors des premiers vols en planeur des pionniers : Jean Thomas et Jean Garrigue en juin 1932 (voir C.L. n°44 - Juillet/Août 2002). D’abord centre régional avant 1940, il devient en 1941 l’un des plus importants centres de formation de pilotes-instructeurs de planeur en France. Pour décoller, ces “machines volantes” étaient d’abord tractées à main d’homme, avec des sandows. Ceux-ci furent rapidement remplacés par un treuil. Aujourd’hui, ce sont des avions qui servent à les remorquer pour prendre leur envol.
Le centre de vol à voile de la Montagne Noire en 1980
Les apprentis pilotes
Des milliers de stagiaires, des générations de pilotes, sont passés par ce Centre National durant des décennies. Et parmi ces “jeunes apprentis pilotes”, il en est une dont nous devons évoquer le passage au C.N.V.V.M.N. Il s’agit de Jacqueline Auriol, célèbre pilote d’essais sur avions à réaction dans les années 1950 - 1960, première femme du genre à embrasser cette carrière dévolue aux hommes. Pour ses brevets et qualifications, elle a dû recevoir une formation de pilote de planeur, et c’est chez nous qu’elle séjourna quelques mois au centre en 1952. Après avoir été lâchés par le treuil, planeurs et pilotes étaient livrés à eux-même, au gré des courants d’air. Et certains d’entre eux, dont Jacqueline Auriol, ont eu à souffrir des affres d’un atterrissage forcé, en bas de la pente, dans un jardin potager de Vaudreuille.
Emblème du Centre National de Vol à Voile de la Montagne Noire |
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Le centre de vol à voile de nos jours
Jacqueline Auriol se plaisait à raconter cette anecdote, notamment lorsqu’elle est revenue en 1984, avec son mari Paul, chez nous en 1984, pour les manifestations du centenaire de la naissance du Président de la République, Vincent Auriol (1er Président de la IVème République, 1947-1954). Paul Auriol était le fils unique du Président, né à Revel en 1884, fils de boulanger et petit-fils de jardinier.
Ce centre d’Etat fermera ses portes en 1980, mais continuera à fonctionner avec des associations. On y pratique toujours le vol à voile, des activités sportives et de plein air et l’on peut y voir une collection de planeurs et avions anciens (A.P.P.A.R.A.T.). A voir également dans les salles de restauration du très beau bâtiment en bois, “style saloon”, les emblèmes-panneaux des stages et des promotions qui s’y sont succédés.
Vaudreuille aujourd’hui
La commune compte 320 habitants actuellement, mais ce chiffre va croître rapidement, puisque de nouveaux lotissements sont en construction. Du fait de sa situation sur le secteur de Saint-Ferréol, Vaudreuille est tournée vers le tourisme et les loisirs. Campings, hôtellerie-restauration, gîtes, activités nautiques et baignades au lac, sports équestres... Des balades et randonnées sont pratiquées dans des cadres verdoyants et agréables.
Vaudreuille un village en Lauragais où il fait bon vivre !
Jacques BATIGNE
Sources :
Histoire de Revel en Lauragais - Gustave Doumenc - 1976
Le canton de Revel en Lauragais - Sylvie Malary - 1990
Le vol à voile à la Montagne Noire - Roger Alby - 1988
Sigles :
S.R.S.A.S.R. : Société de Recherches Spéléo Ar-chéologiques du Sorézois et du Revélois
A.P.P.A.R.A.T. : Association Pour la Préservation du Patrimoine Aéronautique et la Restauration des Avions Typiques
Crédit photos : Collection Jacques Batigne